TÔ HUU

TÔ HUU



Nguyên Kim Thành, dit Tô Huu (1920-2002), fait paraître ses premiers poèmes en 1938, l’année où il adhère au Vietminh. Il devient le « poète de la révolution ». L’année suivante, il est arrêté et incarcéré au bagne, d’où il s’évade en 1942. Sa tête est mise à prix. Tö Huu est nommé président du comité d’insurrection à Huê, pendant la Révolution d’Août 1945, puis, membre du Comité central du Parti du travail, en 1951.

Poète, Tô Huu évoque son enfance, son pays, ses luttes, ses prisons et sa vie militante. Il est peut-être le plus grand poète du Vietnam d’aujourd’hui, proclame Raymond Jean en 1976 (in Le Monde) : « Sa voix, son accent, l’apparentent à la grande famille : celle d’Eluard, Nazim Hikmet, Neruda, Ritsos. Mais il a quelque chose qui n’est qu’à lui, bien à lui : cette manière vietnamienne de filer, « cantiler » la poésie, sur un ton populaire, un peu monocorde, mais où tout est dit, tout est pris : la rivière, la montagne, le bol de riz, la terre, la mer, les hommes. Lê Quang Hung, de l’École normale supérieure de Hanoï, ajoute : « Tô Huu a été le flambeau de la poésie révolutionnaire vietnamienne pendant la première moitié du vingtième siècle. Il a vécu les périodes les plus dures, mais aussi les plus glorieuses. La guerre et la révolution étaient les sujets de prédilection de ce « poète de l’histoire du pays ».

Ses œuvres relatent les grands évènements du pays et l’aspiration à la liberté du peuple vietnamien. Son œuvre résulte d’une harmonie parfaite entre l’art et la politique, entre le peuple et la révolution… Tô Huu est un poète de la révolution, des grands sentiments et des grandes joies. Son art était consacré au collectif. Pour lui, les sentiments personnels ne se limitaient pas à l’amour de couple ou à la famille. Il a transformé cet amour en quelque chose de beaucoup plus grand. Il s’agit de l’amour et de la joie pour le pays, pour le peuple, pour la victoire de la révolution, pour l’édification d’un nouveau régime politique. » « La vie c’est de l’action, la poésie aussi », aimait à dire Tô Huu.

En 1996, il a reçu le prix Hô Chi Minh, le plus grand titre honorifique décerné au Vietnam aux auteurs et artistes pour leur contribution au développement des lettres et des arts du pays. La famille de Tô Huu a inauguré un musée qui lui est dédié dans le district de Cau Giay à Hanoï, à l’occasion de son 100e anniversaire.

Karel HADEK

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

À lire (en français) : Sang et fleurs : le chemin du poète To Huu (Les Éditeurs Français Réunis, 1975).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Yusef KOMUNYAKAA & les poètes vietnamiens de la Guerre du Vietnam n° 56